Homélie du 6ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 7 février 2015Contaminés par l’Amour
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En écoutant la première lecture, nous avons pu nous poser quelques questions : pourquoi des prescriptions aussi terribles face à la lèpre ? Pourquoi être obligé de porter des vêtements déchirés et de se présenter en tant qu’impur ? Il faut savoir que cette maladie était l’un des fléaux les plus redoutés du Moyen Orient. A l’époque, on ignorait la médecine et on ne voyait que la contagion. Il n’y avait d’autre solution que l’isolement. Le malade était donc “excommunié”. Il était exclu du camp ou de la cité.
Cette maladie redoutable était comme une image du péché, non par son origine mais par ses effets, la défiguration et la contagion. Nous, chrétiens, nous savons bien que l’image de Dieu en nous est abîmée par le péché. Il provoque une défiguration bien plus grave que celle de la lèpre. Notre complicité dans le péché est pire que la contagion de cette maladie. Il se propage bien plus vite.
Mais avec Jésus, le mal n’a pas le dernier mot. Il ne craint pas de braver les interdits en touchant le lépreux. Cette liberté qu’il prend a sa source dans son amour pour Dieu et pour le prochain. C’est un amour sans frontière qui ne craint pas de bousculer les règlements. C’est ainsi qu’un jour, Jésus guérit un infirme le jour du Sabbat. Il explique à tous que le Sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. C’est dans le même esprit que saint Augustin donne ce conseil : “Aime et fais ce que tu veux.” La liberté est servante de l’amour. C’est l’amour qui la rend authentique et vraie.
Quand l’amour n’est entravé par rien ni personne, c’est lui qui devient contagieux. Et c’est ce qui arrive. Non seulement Jésus n’est pas contaminé par la lèpre mais c’est lui qui contamine le lépreux. L’humanité de Jésus est porteuse de vie divine. Elle est instrument du salut. Sa sainteté agit dans toute la race humaine. En touchant le lépreux, il met sa chair saine en contact avec la chair pourrie de l’excommunié.
Du coup, c’est cette humanité qui est contaminée par la vie, la santé et la sainteté de Dieu. La contagion est inversée. Elle a joué dans le sens contraire. C’est la santé qui met en péril la maladie, la vie qui contamine la mort. L’amour l’emporte sur la haine. Voilà une bonne nouvelle pour nous aujourd’hui. Comme ce lépreux, nous pouvons nous approcher de Jésus et le supplier : “Seigneur, prends pitié !” Et il sera toujours là pour nous dire : “Je le veux, sois purifié.”
On a dit que Jésus semble le premier étonné en découvrant la puissance de l’amour qui l’habite. Il demande impérativement au lépreux guéri de garder le secret. Mais nous savons bien qu’un secret c’est quelque chose qu’on ne dit qu’à une personne à la fois. Au bout d’un certain temps, tout le monde finit par le connaître. Si Jésus donne cette consigne c’est parce qu’il craint l’admiration des foules. Il ne veut pas qu’on le prenne pour un faiseur de miracles. Il ne cherche pas à faire du merveilleux pour en mettre plein la vue. Sa mission première c’est de “chercher et sauver ceux qui étaient perdus.”
L’homme a donc été purifié. Sa lèpre a disparu. Il ne sera plus un exclu. Son être profond est réorienté et réhabilité. Il ne lui reste plus qu’à rencontrer le prêtre pour être réintégré dans sa communauté. Le grand message de cet Évangile c’est un appel à nous laisser toucher par cet amour infini du Christ. Devant lui, nous nous reconnaissons défigurés par le péché. Mais il ne se lasse jamais de nous accueillir et de nous pardonner. Son amour pour nous dépasse infiniment tout ce que nous pouvons imaginer.
Saint Paul a passé une partie de sa vie à persécuter les chrétiens. Mais il s’est laissé toucher par lui sur le chemin de Damas. Il s’est efforcé de l’imiter. Avec lui, la bonne nouvelle a été annoncée à tous ceux qui étaient loin de Dieu. Les païens sont introduits dans la communauté au même titre que les autres. Comme Paul et bien d’autres après lui, nous avons à réorienter notre vie vers le Christ. Le Carême qui s’annonce pour mercredi prochain nous donnera l’occasion de nous mettre en chemin et de tomber à genoux. Nous ferons nôtre cette prière : “Si tu le veux, tu peux me purifier”. Oui, que toute notre vie soit imprégnée de ton amour afin que nous puissions le communiquer à tous. Amen
J’ai beaucoup apprécié cette homélie. Et chaque fois que nous faisons acte de contrition, Dieu nous guérit de la lèpre qui nous ronge.
J’essaie de me laisser contaminer par l’Amour de Dieu et il y a des jours où je suis très réceptive et d’autres moins.
Le Carême approche. Je ne montrerai pas un visage triste mais au contraire, je serai à la fois sérieuse et attentionnée avec tous ceux que je rencontrerai.
Je vous souhaite de passer une semaine riche en dons de Dieu.
ce partage m’a poussé à exclamer:” Quelle belle et profonde homélie! Dieu a donné à certaines personnes la capacité de ruminer sa parole” elle m’a donné, cette homélie, la joie d’être réintégré dans la communauté, car j’étais aussi lépreux pécheur.
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Seigneur, nous te prions, que ces nouveaux lépreux se laissent toucher par toi.
Le monde est envahi de lépreux, lèpre qui défigure et qui se voit et une multitude invisible mais plus terrifiante, plus contagieuse, qui se répand et qui fait des ravages dans les communautés chrétiennes; celle de la barbarie, de l’intégrisme, d’une cruauté animale. Comment des humains peuvent-ils commettre de telles atrocités ?
Et en nous ? oui, on peut se poser la question. L’indifférence, l’intolérance, manque de charité envers ceux qui nous offensent; de quoi se remettre en question quand on dit le notre Père. Notre suffisance matérielle, mais surtout intellectuelle. Et oui, on a vite fait de se croire supérieur aux autres; nos mensonges, notre laisser-aller : trop occupé, trop fatigué pour passer un coup de fil, faire une petite visite à une personne âgée ou malade.
Si tous ces manques, ces fautes, si on les portait sur le visages, Dieu qu’on serait repoussant ! mais toi Seigneur, tu n’as pas peur d’être contaminé. Il suffit qu’on fasse appel à toi, tu nous décontamine de nos laideurs, de nos fautes et tu nous contamine d’amour, de tendresse, de compassion ; si on se jette à tes pieds et qu’on te demande : Seigneur prends pitié de moi ! Seigneur guéris-moi ! Seigneur purifie-moi ! accorde-moi ton pardon.
C’est nous qui nous coupons des autres quand nous sentons lépreux, toi Seigneur, tu nous réhabilites, tu nous réintègres, tu fais de nous des êtres nouveaux par ton pardon.
Seigneur, tu as du pain sur la planche ! avec nous tous ! Préparons-nous pour entrer en Carême dans la confiance et la Joie.
J’apprecie tellement votre commentaire des textes bibliques, lers prieres que vous adressez pour les malheureux et les delaisses de notre epoque, lesIraqkiens, les Syriens les Palestiniens.
J’espere qu’au debut de ce careme noous prions plus pour tous les peuples de ce Moyen-Orient, Juifs, Chretiens et Musulmans pour que nous puissions vivre en paix la paix qui nous a ete promise par Dieu au monde entier.